Bohr considérait dans son interprétation dite de Copenhague qu'il y avait une différence importante entre un objet macroscopique (donc soumis à la mécanique classique) et un objet microscopique (donc soumis à la mécanique quantique) d'où le fameux postulats de la mesure et sa conséquence la réduction de la "fonction d'onde" d'où l'on déduisait les probabilités d'une mesure et l'état de l'objet microscopique après celle-ci. Von Neumann dans sa construction mathématique de la mécanique quantique ne faisait pas de différence avec les deux donc appliquait la mécanique quantique à l'objet macroscopique comme s'il s'agissait d'un objet microscopique d'où en utilisant le principe d'unitarité il construisait une chaîne quantique continue lors de l'opération de mesure que l'on ne savait pas où arrêter pour rendre compte des résultats. Ceci conduisait soit à l'interprétation d'Everett avec ses mondes multiples qui renfermaient les clones des observateurs soit au postulat de la non quanticité des observateurs (de leur cerveau ?). Bizarre comme idées non ?

Depuis, même si ces interprétations ont encore cours dans l'esprit de certains physiciens (d'autres trouvent plus simple de ne pas se poser de questions), quelques avancées notables ont été faites mais il est vrai qu'utiliser le principe de Bohr est suffisant dans la plupart des cas pratiques.

Suite à l'article EPR, Schrödinger dès 1936 a mis en évidence que le point fondamental de la mécanique quantique était le principe d'intrication auquel a fini par adhérer Feynman bien plus tard (lors de la mise sur les rails du calcul quantique). Puis, il a été mis en évidence mais il y a seulement peu de temps que l'environnement joue un rôle déterminant et permet de rendre compte de la théorie de la mesure sans utiliser un postulat, via la théorie de la décohérence (tous les physiciens ne sont pas d'accord mais aucun ne propose réellement de solution non exotique). De plus, la décohérence montre de façon claire comment le passage du microscopique au macroscopique peut s'effectuer (des objets macroscopiques présentent des caractères quantiques: superfluidité, supraconductivité, etc).

C'est là qu'intervient la contextualité. En fait aucun objet quantique n'est séparable de son contexte à savoir l'ensemble de ses interactions passées via l'intrication qui est un phénomène non local dans le temps et dans l'espace (voir nota). Evidemment des intrications peuvent en réduire d'autres en fonction du niveau et du type d'interaction. Donc une mesure qui fait intervenir un objet macroscopique constituait d'un nombre mirifique d'objets quantiques décrit non pas une propriété de l'objet quantique mesuré mais une propriété de l'ensemble = appareil de mesure incluant la source + environnement + objet mesuré. Il est donc impossible d'attribuer des propriétés propres à l'objet quantique mesuré. On notera que la description de l'appareil de mesure se fait toujours via des propriétés classiques qui en fait ne sont que des moyennes (exemple : champ d'un aimant).

La mécanique quantique transcende ce phénomène. Elle décrit l'objet quantique via des propriétés qui sont en fait contextuelles. C'est un outil mathématique magnifique et qui donne des résultats sensationnels mais il faut être très méfiant lorsque l'on veut décrire un objet quantique microscopique de façon unitaire (nous ne savons pas et serons certainement jamais ce qu'est une q-particule). Par exemple dans le cas de l'expérience des fentes d'Young quand je dis que j'ai seulement 2 états pour la q-particule, j'ai grandement simplifié la chose. J'ai oublié les interactions dans la source, avec l'environnement et les 2 écrans. En fait la mécanique quantique m'a permis de créer une histoire qui donne le bon résultat.

Prendre conscience de la contextualité des propriétés que la mécanique quantique attribue aux q-particules permet d'oublier les concepts d'onde/particule, de réduction de la "fonction d'onde" (qui n'est qu'une fonction de probabilités rattachée à un certain contexte), etc, etc, et en particulier de considérer que la décohérence est la bonne solution à la théorie de la mesure.

Nota: l'intrication est non locale mais on a pu montrer que dans tous les cas concrets elle respectait les principes relativistes (échanges d'informations entre opérateurs).